7 raisons de ne pas choisir le déménageur au plus bas prix

Nous sommes en pleine période de l’année durant laquelle beaucoup de Québécois changent de domicile. Si vous êtes dans cette situation, vous cherchez de l’aide pour votre déménagement.

Pour plusieurs d’entre vous qui comptez plutôt sur des déménageurs plutôt que la famille et les amis, vous avez un budget limité pour votre déménagement. Si vous trouvez un déménageur qui vous offre un bas prix incroyable, vous vous dites que c’est trop beau pour être vrai. Et, la plupart du temps, ça l’est. Voici 7 raisons pourquoi il est déconseillé de choisir le déménageur au plus bas prix.

Un déménagement au Québec. Source: Claude Boucher pour Wikipédia (https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/d/de/Demenagement_quebec1.jpg)

Ce n’est pas une entreprise reconnue

Il y a des individus sans scrupules qui peuvent s’improviser déménageurs durant cette période de l’année. Selon le Bureau de la concurrence du Canada, « les déménageurs malhonnêtes trouvent leurs victimes sur les sites Web populaires de petites annonces, tels que Kijiji ou Craigslist ».

Si elles n’offrent qu’un nom et un numéro de téléphone avec leurs tarifs peu élevés, elles n’ont probablement pas les certifications nécessaires pour être une entreprise de déménagement reconnue comme celles émises par la Commission des transports du Québec, l’Office de certification commerciale du Québec, l’Association canadienne de déménageurs et l’homologation officielle émise par le Ministère du Travail du Québec. Ceci constitue un premier signal d’alarme.

Il n’a pas d’emplacement physique

Si le déménageur offrant un bas prix ne possède pas de licences, il y a des chances que l’emplacement de ses bureaux se révèle inexistant. Cet autre signal d’alarme indique également que vous avez potentiellement affaire à des fraudeurs.

Un article de La Presse, paru en 2013, relate les mésaventures de plusieurs personnes qui se sont fait flouer par des pseudo-entreprises de déménagement. Ceux-ci, à l’aide d’un simple camion et d’un numéro de téléphone, ont fait plusieurs victimes qui pensaient avoir trouvé leur déménageur idéal à peu de frais.

Malheureusement, puisque ces entreprises ne sont pas enregistrées, l’Office de la protection du consommateur (OPC) indique que les victimes ont peu de recours afin d’obtenir réparation. Surtout lorsqu’il est impossible de communiquer avec ces entreprises de déménagement ou de retrouver l’emplacement de leurs bureaux.

Ce n’est qu’une astuce marketing

Dans un des billets de son blogue, l’entreprise de déménagement Le Plan Pas Con demande comment « font ils [sic] pour être honnêtes [sic] […] avec ces tarifs annoncés, si commerce il y a ». Elle stipule que « c’est souvent du tape à l’œil [sic] ou de la “pogne” publicitaire afin de vous faire signer un contrat pour votre déménagement ».

En droite ligne avec les astuces imaginées par les arnaqueurs pour piéger des consommateurs faisant appel à leurs services à bas prix pour leur déménagement. Site web bien conçu, offres alléchantes, promotions et rabais, tout a été créé par ces entreprises pour attirer des clients qui ne prennent pas nécessairement le temps de bien chercher leur déménageur.

Ils proposent un contrat verbal

Si Le Plan Pas Con affirme que ces déménageurs cherchent à vous faire signer un contrat en vous présentant leurs tarifs très avantageux, ce ne sera pas nécessairement le cas lors de votre premier contact avec eux. Ils misent plutôt sur une entente verbale.

Selon le Bureau de la concurrence du Canada, il est possible que « les fraudeurs traitent avec vous par téléphone, insistant sur le fait qu’un contrat verbal est suffisant et que la copie papier peut être signée le jour du déménagement ». Les abus débutent lorsque les déménageurs vous présentent un contrat fort différent par rapport à ce que vous avez discuté au téléphone, et ce, lors du grand jour de votre déménagement.

Il y a des frais cachés

En vous présentant un contrat écrit ayant peu à voir avec les éléments discutés préalablement au téléphone, ces déménageurs vous réservent des surprises. Ces surprises, loin d’être agréables, font augmenter le coût de la facture de votre déménagement.

Le Bureau de la concurrence du Canada révèle que ces entreprises de déménagement ajoutent « des clauses non prévues et accumulant les frais supplémentaires, par exemple pour l’entreposage et le ramassage ». Ces frais cachés font en sorte que le coût peu élevé de départ se transforme en facture salée pour votre déménagement.

Vos meubles et vos effets personnels risquent d’écoper

Si vous refusez d’acquitter les frais supplémentaires non prévus sur la facture, les déménageurs peuvent vous laisser tomber le jour de votre changement d’adresse. Pire encore, ils peuvent endommager vos meubles et vos effets personnels lors du transport de ceux-ci ou bien carrément vous les confisquer jusqu’à ce que vous leur ayez versé la somme réclamée.

L’article de La Presse de 2013 est un exemple des histoires d’horreur vécues par des consommateurs ayant cru faire une bonne affaire avec certains déménageurs. Par exemple, une femme de La Prairie a témoigné de son déménagement catastrophique pendant lequel ses meubles et appareils électroniques ont été endommagés. Elle a même dû payer des frais supplémentaires pour le déchargement du camion de déménagement.

Vous recevez une prestation de qualité moindre pour votre déménagement

En plus de risquer de devoir payer une facture plus élevée que le bas prix de départ, les entreprises de déménagement peuvent livrer un service de moindre qualité. Le temps requis pour le déplacement de vos effets d’un domicile à l’autre peut s’avérer également plus élevé.

Dans un billet du blogue, l’entreprise française de déménagement Nextories affirme qu’« un prix plus faible peut signifier une équipe moins conséquente, et potentiellement une prestation de moins bonne qualité (moins de déménageurs = plus de fatigue = plus de casse) ». Alors, mieux vaut donc investir davantage pour un service de déménagement sérieux et professionnel.

En somme, pour des raisons liées à la certification, aux faux-semblants, à l’absence de fiabilité, aux frais cachés et à un service de moindre qualité, il est fortement déconseillé d’opter pour des entreprises de déménagement qui promettent les plus bas prix qui soient. D’autant plus qu’un déménagement est stressant en soi!

Afin de changer de logis en ayant l’esprit tranquille, il est recommandé de bien choisir son entreprise de déménagement en vérifiant sa certification et les avis sur celle-ci. Demandez aussi une estimation, sur papier, de l’ensemble des frais à encourir pour votre déménagement. Vous aurez ainsi un meilleur rapport qualité/prix et non une aubaine trop belle pour être vraie.

Pierre Allard, son congédiement du Droit et l’information

Renvoyé du Droit pour avoir dénonce la fin de la publication de La Presse

Pierre Allard met en lumière le droit à l’information sur son blog

Le journaliste et ex-édiorialiste du journal Le Droit a perdu son boulot pour avoir dénoncé la fin de la publication de La Presse et des journaux régionaux par son ex-employeur Gesca. Du même coup, il a dénoncé le déclin de l’accessibilité et de la qualité de l’information lorsque celle-ci se retrouve sur support électronique comme La Presse+.

Anders Turgeon Dossiers Médias et Information

Pierre Allard, journaliste et éditorialiste pigiste pour le journal gatinois Le Droit, a été congédié après 45 ans de loyaux services pour ce média de Gesca, filiale de Power Corporation. Son délit? Avoir pondu un billet, sur son blogue personnel, qui dénonce la décision de son ex-employeur de cesser d’imprimer ses journaux — La Presse, Le Droit,

pierre allard

pierre allard (Photo credit: two stout monks)

Le Nouvelliste (Trois-Rivières), Le Soleil (Québec), La Voix de l’Est (Granby), La Tribune (Sherbrooke) et Le Quotidien (Saguenay) — dans un avenir rapproché. L’information deviendrait numérique dans l’entreprise médiatique des Desmarais.

Pierre Allard dénonçait, dans ce billet, cette idée préconçue voulant que la montée du web bouleverse le monde de l’information et cause inexorablement la disparition des médias imprimés à cause de la baisse des revenus publicitaires pour ces derniers. Tout comme M. Allard, je ne partage pas cet avis. Pourquoi le web contribuerait-il à la disparition de La Presse ou du Droit version imprimée? Pourquoi l’un ne soutiendrait-il pas l’autre?

L’information et son coût

Entendons-nous là-dessus, l’information n’est pas censée être entièrement gratuite. La produire coûte de quoi. Le Journal de Montréal et Le Devoir ont compris cela et verrouillent leurs articles seulement sur le web. Pour avoir accès à l’article, soit tu t’abonnes, soit t’achètes le journal du jour. Comme le souligne judicieusement Lise Ravary dans un de ses billets sur son blogue du Journal de Montréal :

« En langage courant, cela veut dire : Quand les éditeurs nord-américains se sont mis à privilégier la vente par abonnement à des prix ridiculement bas pour doper le tirage (et ainsi vendre plus de publicité et plus cher), ils ont réduit substantiellement la part de revenus provenant de la vente d’exemplaires en kiosque. Créant ainsi une dépendance factuelle et psychologique à la publicité qui rend plus difficile le maintien d’une séparation entre le contenu commercial et le contenu rédactionnel. »

Information Literacy

Information Literacy (Photo credit: Ewa Rozkosz)

Cela dit, la rentabilité ne devrait pas, en principe, prendre le pas sur l’information. N’empêche qu’on peut comprendre que les propriétaires de journaux recherchent un plan économique, incluant les contenus multiplateformes, afin de demeurer rentables comme le souligne Robert Maltais[1]. Toutefois, cette quête ne devrait pas nuire à la qualité du contenu livré aux lecteurs. Sur le billet du blogue de Pierre Allard, je renchérissais avec le commentaire suivant :

« La Presse+ met en place une culture de la gratuité de l’information qui s’avère dangereuse pour le journalisme puisqu’il peut y avoir confusion des genres avec la rédaction publicitaire. Surtout si la publicité ne sert que d’unique source de revenus pour un média d’information; les entreprises commandant des publicités peuvent faire discrètement passer leurs intérêts dans le média. »

Ne misons pas sur cette culture de l’information sans coûts. Il en va de l’indépendance de vos serviteurs de l’information ainsi que de celle de sa diversité, à Montréal comme dans les régions. Si Gesca va de l’avant pour fermer ses quotidiens régionaux et tout miser sur La Presse+, on aura inévitablement affaire à une (nouvelle) baisse de la qualité de l’information à travers une véritable confusion des genres.

L’information accessible sur papier

Information has moved...

Information has moved… (Photo credit: choffee)

Toujours dans son billet sur son blogue, Pierre Allard y va d’un autre aspect important touchant aux conséquences de la diminution, voire la disparition des journaux en format papier envisagé par Gesca :

« Compte tenu que l’ère Internet n’a que vingt ans et que personne ne sait trop jusqu’où mènera sa croissance exponentielle et erratique, j’ai de la difficulté à comprendre pourquoi on se comporte comme si le numérique allait – sans appel et de toute évidence – remplacer le papier comme support quotidien de l’information au public. »

Comme Pierre Allard, je ne crois pas une seconde qu’un médium aussi récent qu’Internet puisse remplacer un autre qui utilise le papier, que ce soit le journal, le magazine ou le livre. Trop prématuré. Et que dire des personnes qui n’utilisent que peu ou pas du tout le web et qui lisent encore leur journal en se salissant le bout des doigts avec l’encre du papier! Ou encore celles qui tiennent mordicus à tenir entre leurs mains un bon livre ou un magazine et non une tablette électronique.

Bref, le coup de gueule de Pierre Allard sur son blogue envers Gesca et ses anciens patrons du Droit est un sacré bon coup pour dénoncer la fin de la publication en format papier de La Presse et des autres journaux de l’entreprise à travers le Québec. Et comme je dis dans ces derniers mots de mon commentaire faisant suite au billet de Pierre Allard, « la fin annoncée de la publication des journaux de Gesca par Power Corp n’est pas une bonne nouvelle pour l’accessibilité, la diversité et l’indépendance de l’information. »

 

[1] Robert MALTAIS, « Stopper l’affaiblissement du 4e pouvoir », Éthique publique, volume 15, numéro 1, 2013, p. 140

Et si on abolissait les partis politiques au Québec?

Élections Québec 2014

Abolir les partis politiques, une bonne idée?

L’idée d’abolir les partis politiques n’est pas nouvelle, mais elle est encore pertinente à un moment où personne ne veut de cette élection déclenchée par le Parti québécois (PQ) et où le désabusement et le cynisme envers notre classe politique atteignent des sommets.

Anders Turgeon Dossiers Politique, Élections, Québec

abolir-partis-politiques-elections-quebec-2014Autant au provincial qu’au fédéral et au municipal, les politiciens se foutent des préoccupations des gens et ne pensent qu’à leurs propres privilèges. Mais puisqu’il est question du Québec et des élections provinciales qui nous attendent le 7 avril prochain, je vais tabler sur nos politiciens et notre gouvernement qui règnent littéralement sur les gens.

Clairement, notre système politique, inchangé depuis 1867, ne convient plus. Il traverse une crise de confiance envers les citoyens. Un lecteur du Soleil résumait parfaitement la situation il y a presque 3 ans dans une lettre ouverte:

Les crises qui secouent présentement les partis politiques au Québec mettent en évidence les effets désastreux d’un système de représentation contrôlé par des partis politiques qui se battent entre eux pour s’emparer du pouvoir au lieu de s’occuper des priorités des citoyens qu’ils sont censés servir. Ces effets sont encore plus marqués dans un système parlementaire britannique comme le nôtre, où le scrutin à majorité simple confère une prime au gagnant et où l’assemblée législative est captive d’un exécutif nommé par le parti dominant.

Alors, qu’attendons-nous pour nous lancer dans cette réforme? Ah oui, j’oubliais: la partisanerie politique qui touche actuellement les 4 partis dont nous entendons le plus parler: le PQ, le Parti libéral du Québec (PLQ), la Coalition Avenir Québec (CAQ) et Québec Solidaire (QS). Chacun tire la couverture de son bord dans le but d’aller chercher le plus de votes possible. Dans le cas de QS, ils se sont pas prêts de prendre le pouvoir avec leurs belles idées qui ne dépassent pas la rampe du réel. Alors, Françoise David et Amir Khadir se contentent de grapiller des votes au PQ, préférant voir le PLQ prendre le pouvoir.

Cette situation fait en sorte que personne ne travaille ensemble et chacun campe sur ses positions. Cela est vrai pour les 4 pôles qui orientent notre système politique au Québec à l’heure actuelle:

  • les fédéralistes contre les souverainistes;
  • les Inclusifs contre les pros-Charte (suite au débat raté sur la Charte des valeurs du PQ et le projet de loi 60 qui en découle);
  • la gauche (les gauchistes radicaux, les centre-gauchistes et les centristes modérés) contre les droitistes radicaux;

De quoi alimenter les cynismes en tout genre. Plusieurs sont désabusés et songent carrément à abandonner leur droit le vote le 7 avril comme le chroniqueur Daniel Rolland du portail web La Métropole.

La politique québécoise sans partis

Par conséquent, afin de réformer notre démocratie qui se porte mal, vaut-il mieux abolir les partis politiques? Que les candidats liberer-abolir-partis-politiques-elections-quebec-2014pour un poste de député dans leur circonscription se fassent élire sur la base de leurs idées pour un projet de société plutôt que sur la base d’un parti?

En ce sens, des efforts ont déjà été entrepris afin de réformer progressivement notre démocratie et abolir nos partis politiques. Selon le site web Météo politique, deux mouvements sont nés de cette contestation de nos instances politiques:

  • le Nouveau Mouvement pour le Québec (créé en 2011);
  • les Sans-parti.

Pour ce deuxième mouvement, il est intéressant de savoir à partir de quel constat il s’est formé:

Dans son manifeste, il soutient que «les partis politiques actuels» sont les «premiers responsables de la dégradation de notre démocratie». Les partis n’ayant pas réussi à réaliser la réforme démocratique nécessaire, les Sans-parti estiment que seule une coalition de 125 candidats sans parti pourrait y susciter une réelle réforme démocratique qui redonnera «aux citoyens le contrôle permanent sur leurs représentants et sur les décisions qui les concernent».

Afin de poursuivre dans ces réflexions anti-partisanerie, deux livres retiennent notre attention. Ils prônent la réforme en profondeur de notre système politique démocratie. Là encore revient l’idée d’abolir les partis politiques:

  • Réinventer la démocratie de Jean Laliberté (Septentrion, 2011);
  • Abolir les partis politiques de Jacques Lazure, sociologue et professeur à l’UQÀM (Libre pensée, 2006).

Ce sont deux lectures qui m’intéressent beaucoup.

En attendant l’utopie d’abolir les partis politiques, je ne sais pas où je vais cocher le 7 avril prochain…

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Un compte rendu critique de Libérez-nous des syndicats d’Éric Duhaime

Libérez-nous des syndicats d’Éric Duhaime

Les syndicats, de progressistes à défenseurs du statu quo

Dans son essai Libérez-nous des syndicats, Éric Duhaime défend la thèse comme quoi les syndicats, devenus trop gros et puissants, empêchent le Québec de progresser politiquement et économiquement.

Anders Turgeon

liberez-nous-des-syndicats-eric-duhaime-compte-rendu-critiqueActuellement, les syndicats québécois, jadis progressistes, protègent et défendent le statu quo politique et économique de la province. Telle est la thèse défendue par le chroniqueur et polémiste de droite Éric Duhaime dans son deuxième essai Libérez-nous des syndicats. Son livre a été lancé dans la tourmente, sous escorte policière, il y a 8 mois de cela au restaurant Rebel sur la rue Sainte-Catherine Est, à proximité des studios de TVA. Il créait la controverse et se faisait vilipender par plusieurs représentants des milieux syndicaux : Louise Chabot, la présidente de la Centrale syndicale du Québec (CSQ), et Henri Massé, ex-président de la FTQ.

Éric Duhaime le personnage

Afin de mieux comprendre pourquoi Éric Duhaime se voit ainsi dénigré par la gauche et les syndicats, il est essentiel de contextualiser le personnage. Il est détenteur d’un baccalauréat en science politique à l’Université de Montréal et d’une maîtrise en administration publique à l’École nationale d’administration publique (ÉNAP). Il a déjà œuvré à la mise en place d’un système politique démocratique en Irak, au Maroc et en Mauritanie au sein de la National Democratic Institute, un ONG affilié d’un autre ONG étasunien, soit le National Endowment for Democracy. Il a travaillé en tant que conseiller politique des  anciens chefs de parti Mario Dumont (ancienne ADQ), Stockwell Day (ancienne Alliance canadienne) et même Gilles Duceppe. Il a œuvré au sein de l’Institut économique de Montréal (IEDM), OSBL véhiculant les idées de la droite économique : libre marché, individualisme, un État aminci et non interventionniste, un climato-scepticisme, etc. Omniprésent dans les médias québécois pour répéter ses mantras idéologiques sur le ton de l’évidence, il a été chroniqueur pour le Journal de Québec et au 98,5 FM.

Aujourd’hui, il travaille avec Mario Dumont, avant à Dumont 360 sur les ondes de V et maintenant à son émission éponyme à LCN. Il collabore également à Franchement Martineau à LCN, tient une chronique dans le Toronto Sun et anime Duhaime le midi sur les ondes de CHOI – Radio X Montréal. Il a cofondé le Réseau Liberté-Québec, un OSBL de droite et, comme je le mentionnais précédemment, a écrit un premier essai, L’État contre les jeunes, paru en janvier 2012. Sans oublier les controverses qu’il a déclenchées en accusant notamment Amir Khadir de dissimuler un agenda islamique ou d’avoir mangé un hot-dog destiné à des sinistrés dans le cadre de la tragédie du Lac-Mégantic.

Une lecture surprenante des syndicats

Le CV bien garni d’Éric Duhaime aide à saisir le personnage populiste qu’il s’est créé. Je m’attendais donc à lire un liberez-nous-des-syndicats-eric-duhaime-compte-rendu-critique-1ouvrage antisyndical bourré de préjugés, comme le laisse présager le titre de son essai et le passage suivant se trouvant dans l’avant-propos de son livre :

« Cette absence [de notes de bas de page et de bibliographie] est délibérée. […] Les citations ou références à des études ou à des statistiques, tout au long du texte, sont généralement accessoires et secondaires pour étayer mon propos. J’ai écrit un pamphlet politique, pas une étude scientifique. J’exprime, d’abord et avant tout, mes opinions. ».

Autrement dit, il ne fallait pas prendre son avis pour du cash.

Or, j’ai été agréablement surpris. Dans son livre, l’auteur ne se pose pas absolument contre les syndicats. Au contraire. Mais il voudrait que ces derniers reviennent essentiellement à la défense de leurs membres et qu’ils soient entièrement redevables de toutes leurs actions envers ces derniers et la société. En ce sens, il dresse un brillant bilan du grand pouvoir d’influence acquis par les syndicats au Québec depuis les années 60. En 13 chapitres, il passe aisément de l’historique des syndicats québécois à la gangrène mafieuse de la FTQ-Construction (actuellement la vedette de la Commission Charbonneau) en passant par l’opacité des livres financiers des syndicats, l’absence de liberté d’association syndicale et une obligation de verser des cotisations aux syndicats suite à l’adoption de la Formule Rand en 1946.

Dans un chapitre consacré à l’infiltration des syndicats dans les organisations de gauche, il traite du reportage d’Alec Castonguay, publié dans L’Actualité du 15 juin 2012, dans lequel il est révélé le rôle discret mais efficace des syndicats dans le conflit étudiant de l’année dernière. Dans d’autres chapitres, il dénonce les fonctionnaires syndiqués de l’État québécois assis sur leurs privilèges, les fonds d’investissement de la FTQ et la CSN ainsi que les lois anti-briseurs de grève qui, selon lui, nuisent aux revenus des entreprises et des travailleurs. Également, il se permet de revenir sur les plus récents conflits de travail, notamment ceux des Couche-Tard et du Journal de Montréal en déplorant que ce type de conflits conduit à une moins grande flexibilité et un coût plus élevé des travailleurs. En somme, il ratisse large sur le pouvoir et la mainmise des syndicats dans les sphères politique et économique du Québec.

Finalement, bien qu’il ait le mérite de dénoncer l’immense pouvoir octroyé aux syndicats québécois depuis des décennies, Éric Duhaime ne présente qu’un envers de la médaille. Il ne prend ses informations qu’auprès des sources qui corroborent ses propos : l’IEDM, l’Institut Fraser, les témoignages de gens qui pensent comme lui, etc. Quant à son style, les redondances dans ses propos abondent d’un chapitre à l’autre, notamment lorsqu’il revient sans cesse aux travailleurs qui ne sont pas consultés par leurs syndicats sur les décisions que ces derniers prennent. Et j’aurais bien apprécié qu’Éric Duhaime laisse à ses lecteurs des notes de bas de page et une bibliographie, car il doit bien posséder une liste de références consultées pour les besoins de son essai!

Quoi qu’il en soit, si vous n’êtes pas effrayés à l’idée de lire un ouvrage d’Éric Duhaime et que vous voulez entamer une réflexion sur la place des syndicats au Québec, la lecture de ce livre est recommandée.

Note: Ce compte-rendu critique a fait l’objet d’un exposé oral dan le cadre de mon cours RED2201: Écriture et médias, à l’Université de Montréal.

Non à la gratuité scolaire dans l’immédiat!

Cet article est paru, à l’origine, sur le blog des 7 du Québec.

Droits de scolarité et financement des universités

La gratuité scolaire : pas réalisable maintenant

Alors que le gouvernement Marois a décrété l’annulation de la hausse des droits de scolarité promulguée par Jean Charest, l’ASSÉ pousse le bouchon encore plus loin réclamant la gratuité scolaire. Toutefois, le contexte politique et économique prévalent en ce moment au Québec n’est pas propice, en ce moment, pour ce projet.

Anders Turgeon Dossier Actualités, Éducation

À pareille date l’an dernier, la plupart des étudiants se mobilisaient contre la hausse des droits de scolarité décrétée par le gouvernement droits-scolarite-financement-universites-gratuite-scolaire-education-jeunesCharest. Suite à un Printemps Érable mouvementée marqué par la judiciarisation du conflit étudiant ainsi que la loi 12, les étudiants (du moins, les carrés rouges) ont obtenu l’annulation de cette hausse suite à l’élection du Parti québécois.

Maintenant, les carrés rouges, l’ASSÉ en tête, réclament la gratuité scolaire. Toutefois, selon des articles de La Presse, Radio-Canada.ca, du Métro, du 98.5FM et du Huffington Post, le ministre Pierre Duchesne a écarté définitivement cette avenue. La gratuité est envisageable à long terme, mais pas dans le contexte actuel, a-t-il fait valoir lors d’une allocution à la fin de l’École d’hiver Spécial Sommet de l’Institut du Nouveau Monde (INM).

Il y a de quoi être d’accord avec le ministre Duchesne. Contrairement à ce que croient la  FEUQ et l’ASSÉ , il est impossible de réaliser la gratuité des études universitaire compte tenu de du contexte politique et économique actuel du Québec. L’État n’est pas une source intarissable d’argent ; les contribuables, encore moins. La dette grimpe de manière préoccupante.

Avant de songer à accorder la gratuité au niveau universitaire, un important ménage de l’État-providence québécois s’impose. Le gouvernement aurait intérêt à dépenser avec diligence et efficacité dans la santé, l’éducation et l’emploi. Il devrait investir dans les programmes sociaux, il devrait rester intègre face à toute tentative de corruption. Et il devrait face en sorte que tout le monde verse ses impôts à l’État, sans exception.

Surtout, notre système de l’éducation est à revoir avant de fournir une éducation entièrement gratuite. Il serait important de revoir la manière d’éduquer les jeunes. Revaloriser pleinement la réussite scolaire et l’excellente encouragerait les jeunes à faire preuve de rigueur et de détermination dans leurs études. Ils développeraient une  méthode de travail et, rendus à l’université, ils seraient outillés pour réussir leurs études et s’enligner pour une carrière prometteuse.

Avant la gratuité scolaire au niveau universitaire, le gouvernement doit améliorer sa gestion de l’argent des contribuables. Les étudiants ont aussi leur part de responsabilité: étudier et obtenir du succès dans leur cheminement scolaire. Dans ce cas, seulement, l’ASSÉ et Martine Desjardins pourront légitimement réclamer la gratuité scolaire.