Chats abandonnés dans les rues de Montréal

Chats errants à Montréal

Abandonner son félin

Manque de responsabilisation chez les propriétaires de chats, abandons, absence de stérilisation. Toutes ces causes expliquent pourquoi les chats se retrouvent nombreux à errer à la grandeur de Montréal.

Anders Turgeon

Chats abandonnés errants. Crédit: Sunny Ripert, Flickr« La période de déménagement [en juin et juillet] ne représente pas la plus importante période [pour les abandons de chats]. Beaucoup de gens laissent leur chat dans la rue durant le temps des fêtes. » Jade Marcoux, directrice du service à la clientèle à la Société pour la prévention de la cruauté envers les animaux (SPCA) de Montréal, révèle ce fait surprenant.

Ainsi, en période de déménagement comme en décembre, beaucoup de chats sont abandonnés par leurs propriétaires. À cause du manque d’engagement lors de l’acquisition d’un chat ainsi que d’un manque de stérilisation par beaucoup de leurs propriétaires, ils se retrouvent nombreux à errer à la grandeur de Montréal à chaque année. Et bien des questions subsistent sur le pourquoi de cette situation.

Selon Mme Marcoux, l’une des principales raisons découlant de l’augmentation du nombre de chats errants réside dans notre manière d’envisager l’arrivée d’un chat dans notre foyer. Au lieu de s’engager à long terme en adoptant un chat, leurs nouveaux propriétaires ne se préparent pas assez à leur venue. Ils ne saisissent pas l’importance de leurs besoins, ne s’occupent pas assez d’eux et ne tiennent pas compte des imprévus pouvant survenir dans leur quotidien : déménagement, nouvel enfant, voyages, etc.

« À la SPCA, nous ne disons jamais « on achète un animal » mais plutôt « on adopte un animal ». En changeant le verbe, notre attitude envers les animaux de compagnie se modifie », précise Mme Marcoux. Elle établit un parallèle avec un enfant qu’une personne désire adopter : elle prend l’engagement de subvenir à tous ses besoins jusqu’à l’âge de 18 ans. Pour elle, le même genre de « contrat social » implicite lie un chat à son propriétaire. Ce dernier s’engage à s’occuper du félin jusqu’à la fin de ses jours et à lui fournir tout ce dont il a besoin : un toit, de la nourriture, de l’affection, des soins de santé, etc.

Acquérir un chat sans « contrat social »

Toutefois, de nombreux maîtres n’envisagent pas l’acquisition d’un chat selon ce « contrat social ». « Bien des gens minimisent le Chat errant abandonné Crédit Heavensabove Flickrniveau important de responsabilités que requiert l’adoption d’un chat », se désole Mme Marcoux. Elle dénonce également « l’achat spontané de cadeaux animaux » sans que le receveur de ce présent soit préparé à affronter à prendre en charge les obligations inhérentes à l’acquisition d’un nouvel animal de compagnie. La Société québécoise pour la défense des animaux (SQDA) révèle que 45% à 50% des Montréalais possèdent un animal domestique et qu’ils le conservent 19 mois en moyenne. Pourtant, l’espérance de vie d’un chat d’intérieur dépasse les 10 ans, selon l’organisme spécialisé dans les droits des animaux.

Les raisons justifiant qu’une personne doive se départir de son chat, incluant un déménagement et les tracas liés aux temps des Fêtes, sont nombreuses : surtravail, emploi du temps chargé, etc. Ce qui n’empêche pas Alain DeSousa, maire de l’arrondissement de Saint-Laurent, de mettre en garde ceux désirant se départir de leur chat: « Votre animal se retrouvera sans-abri sans votre aide. Ne l’abandonnez pas dans la rue en espérant qu’un bon Samaritain s’en occupera ». Pourtant, Mme Marcoux fait valoir que la SPCA continue de recevoir entre 14 000 et 15 000 chats (et chiens) par année. De ce nombre, 55 % de ces félins provient de la rue.

Stérilisation des chats errants

Parmi les chats errant dans les rues et ruelles de Montréal, beaucoup d’entre eux sont non castrés se reproduisent rapidement et en grand nombre.

« [À l’image des autres animaux domestiques], les chats s’avèrent inconscients du problème de surpopulation féline dans les rues de Montréal. Biologiquement, ils sont conçus pour engendrer une descendance qui perpétue leur espèce et la rend solide », explique Mme Marcoux.

Chat errant abandonné stray cat. Crédit: Normski's, FlickrAux chats errants se reproduisant entre eux s’ajoutent ceux dont les propriétaires les laissent aller à l’extérieur en étant non stérilisés. À leur tour, ces chats domestiques « engendrent beaucoup de chatons voués à une vie sans propriétaires, à l’extérieur. La SPCA a calculé que deux chats non stérilisés engendrent 12 chatons par année en moyenne. Ils engendrent donc 6 couples qui se reproduisent à leur tour. Au bout de 5 ans, ce couple de chats aura donné naissance à environ 15 000 chatons. « Leur qualité et espérance de vie s’en trouve affectée [passant de 15 à 5 ans au plus]. Ils naissent sauvages et vivent dans des conditions précaires, [devant affronter le froid, la faim et les blessures] », s’attriste Mme Marcoux. Ces chats sauvages ou malades en surnombre, lorsqu’ils sont capturés, risquent l’euthanasie. Toutefois, elle ajoute qu’en stérilisant les chats abandonnés et en convainquant les propriétaires de félins de procéder de même, « nous les empêchons de grossir davantage la population de chats errants. Parce qu’en dépit du fait qu’ils ne peuvent pas être adoptés, cela ne signifie pas qu’il faille les euthanasier. »

La SPCA et d’autres acteurs impliqués dans la lutte contre l’errance féline souhaitent sensibiliser davantage la population montréalaise au sort de ces chats sans domicile. Ruth Pike, une résidante du quartier Notre-Dame-de-Grâce et l’une des administratrices du groupe Action pour un service animalier public (ASAP), a créé le projet Mackenzie en collaboration avec la SPCA. Ce projet consiste à capturer des chats errants, à les castrer et à les ramener à leur emplacement d’origine.

Par conséquent, plus les chats abandonnés menant une vie d’errance sont stérilisés, moins ils pourront se reproduire. Leur nombre diminue graduellement dans les rues et ruelles montréalaises. Malgré cela, Mme Marcoux estime que « à l’image de la problématique du VIH et du SIDA, du travail reste à être accompli afin de sensibiliser et d’éduquer la population au phénomène des chats errants. Même si il est possible de le contrôler par la stérilisation, le nombre de chats abandonnés et errants ne cesse de croître. »

En somme, de la responsabilisation des gens lors de l’acquisition d’un chat ainsi que de la stérilisation de masse (pour les chats de rue)Chat errant abandonné stray cat. Crédit: Demoose, Flickr ou individuelle (pour les chats domestiques) dépend le nombre de chats abandonnés vagabondant dans les rues et ruelles de la métropole. Même s’ils se comptent encore par milliers chaque année, la SPCA ainsi que des particuliers comme Mme Pike et d’autres organismes voués au bien-être animal travaillent fort afin de sensibiliser la population montréalaise à ce phénomène.

Enfin, Mme Marcoux croit qu’il se révèle impossible de contrôler les comportements des propriétaires de chats et de les forcer à castrer leur compagnon à quatre pattes. Quant à Mme Pike, elle croit que des lois punissant les abandons et la vente d’animaux de compagnie contribueraient à contrôler la surpopulation féline errante.

« Montréal : métropole congestionnée » à la Maison du développement durable

La congestion à Montréal

Propositions pour désengorger le transport à Montréal

Mardi le 26 février a eu lieu une conférence sur le thème « Montréal : métropole congestionnée » à la Maison du développement durable. Rassemblant des panélistes du milieu des transports en commun et de l’environnement, cette rencontre a servi de point de départ sur l’adoption de stratégies communes sur le développement du transport collectif afin de désengorger le réseau routier à Montréal.

Anders Turgeon

conference-montreal-metropole-congestionnee-maison-developpement-durable-transports-collectifs-environnement-societe-montreal« Chaque matin, des centaines de milliers d’automobilistes pestent dans les bouchons de circulation. […] Pendant ce temps, les Montréalais, aux prises avec un réseau de transports collectifs plein à craquer, voient défiler des métros et des autobus bondés et attendent impatiemment leur tour. L’économie s’en ressent, tout comme la qualité de vie des citoyens. »

C’est avec ce préambule que la Maison du développement durable introduit cette conférence-midi. N’est-ce pas le problème de la plupart des habitants de Montréal et ses environs d’être pris dans une congestion touchant à la fois le trafic routier et les transports en commun lorsque vient le temps de se déplacer?

Pour discuter de la problématique de la congestion routière dans la grande région montréalaise, quatre panélistes ont été invités afin de s’exprimer sur le sujet :

  • Nicolas Girard, président-directeur général de l’Agence métropolitaine de transport (AMT);
  • Bernard Bigras, directeur du développement durable à la Ville de Longueuil;
  • Michel Labrecque, président du conseil d’administration de la Société de transport de Montréal (STM);
  • Coralie Deny, porte-parole de TRANSIT, L’Alliance pour le financement des transports collectifs au Québec.

La discussion a été animée par Hugo Séguin, conseiller et porte-parole en matière de dépendance énergétique chez Équiterre.

Améliorer les transports collectifs

D’entrée de jeu, les quatre panélistes présents se sont tous entendus pour affirmer qu’ils ne voient pas le développement du réseau routierconference-montreal-metropole-congestionnee-maison-developpement-durable-transports-collectifs-stm-environnement-societe-montreal métropolitain comme solution face aux perpétuels embouteillages. Dans sa présentation PowerPoint, Michel Labrecque a prétendu que la création ou l’élargissement des routes montréalaises ne ferait qu’accroître le nombre de véhicules sur celles-ci.

À l’instar des autres présentateurs du panel, M. Labrecque a préconisé l’amélioration de l’offre dans les transports collectifs de la région de Montréal. Plusieurs projets, à court ou à long terme, ont été mis de l’avant par les panélistes:

  • le Train de l’Est par l’AMT;
  • le renouvellement des wagons du métro de la STM;
  • l’ajout de nouvelles voies réservées sur les grands axes routiers;
  • l’aménagement du Service rapide par bus (SRB) sur le boulevard Pie-IX;
  • le prolongement des lignes de métro bleu, orange et jaune;
  • l’implantation du tramway au cœur de Montréal;
  • l’installation d’un train léger sur rails sur le nouveau pont Champlain à construire;
  • etc.

Dans le même esprit, les quatre panélistes veulent améliorer la rapidité et la fiabilité des différents modes de transport collectif de la région de Montréal.

Payer ces projets en transport collectif

Comment financer ces solutions face à la problématique de la congestion routière à Montréal? En réponse à cette question posée par Hugo Séguin, les quatre panélistes se sont entendus sur la nécessité de diversifier les sources de financement de ces projets.

Parmi ces solutions, faire payer les automobilistes. « Une augmentation de la taxe sur l’essence à cinq cents sur l’île de Montréal pourrait générer des revenus de 170 millions $ pour les transports collectifs », a estimé Coralie Deny. Elle soutient aussi que les automobilistes pourraient contribuer à l’approvisionnement d’un fonds vert à travers diverses sources de financement comme :

  • les péages sur les ponts;
  • l’instauration d’une nouvelle taxe sur l’essence;
  • la hausse des droits d’immatriculation.

Mais les panélistes ont également estimé que les automobilistes ne devraient pas être les seuls à injecter de l’argent pour payer les développements à venir du transport en commun métropolitain. « Montréal seule n’a pas les moyens de ses ambitions pour le transport collectif. Il faut que tous les paliers de gouvernement participent », a fait valoir M. Labrecque.

Reste à voir si ces projets pour décongestionner le réseau routier montréalais auront l’effet escompté, car ceci représente un projet sur le long terme. Il reste maintenant à démontrer aux habitants de la région de Montréal qu’utiliser les transports en commun seraient plus avantageux que de prendre la voiture afin de contribuer à la diminution de la congestion routière montréalaise.

Citations tirées de la présentation de la conférence sur le site web de la Maison du développement durable et d’un article de TVA Nouvelles.

Voir l’article publié, à l’origine, sur le blog de Raymond Viger.